9-Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage...

C’est une citation de l'écrivain français Nicolas Boileau que j’aime beaucoup, tellement juste, elle est extraite de son œuvre "L’Art poétique" (1674).  Nommé, en 1677 historien du Roi Louis XIV avec Racine (ce qui n’était pas peu), élu à l’Académie Française en Avril 1684, Nicolas Boileau était l’une des figures intellectuelles principales du mouvant parnassien qui prônait le positivisme en vogue et avait délaissé tout romantisme considéré trop lyrique et trop sentimentale.

Pour moi, cette citation m'inspire deux réflexions et peut être appliquée sur deux dimensions :

1-     La dimension artefact : ce que les anthropologues associent à toute production humaine qu’elle soit la fabrication d’un objet, la transformation d’une substance ou la création d’un concept. Cette citation nous incite à travailler, à retravailler l’article ou l’objet en question sans relâche, à le peaufiner et de remettre autant de fois son ouvrage jusqu'à pleine satisfaction.

2-     La dimension développement personnel: il y a un autre idiome anglais que j'apprécie autant qui dit ”One is a never a finished article”. Cet idiome a le mérite de nous inciter à se re-consider, à se mettre en cause de temps à autre, pour ne pas dire tout le temps. À donner le meilleur de nous même, d’essayer de se surpasserÀ être enfin, une adepte de la philosophie du développement et amélioration continue.  Après tout, personne n’est parfait et personne ne peut prétendre avoir la science infuse.

Le design de mon site web dont je vous ai parlé à maintes reprises était une tache que j’appréhendais beaucoup. Incertaine dans la durée, complexe dans son contenu. En effet, il n’y a pas plus difficile que d’entamer une tache dont vous ne maîtrisez pas tout les éléments. 

Psychologiquement, et dans ma tête la tache était d’envergure, qu’il m’était des fois très facile de capituler.

Comment faire ? Eh bien, fidèle à ma méthode qui m’avait servi dans d’autres projets pour ne pas dire aventures, je fais appel à mes outils dont je partage deux avec vous.

SWOT matrix (Strengths/ Forces, Weaknesses/ Faiblesses, Opportunities/ Opportunités and Threats/ Menaces) d’Igor Ansoff

Forces

1-Expérience en programmation: C/C++; HTML/CSS et autres ;

2-Expérience dans le domaine du commerce ;

3-Capacité à internaliser des concepts nouveaux

4-Capacité organisationnel

Faiblesses

1-Méconnaissance du Marketing digitale et ses leviers ;

2-Notions rudimentaires de l’infographie ;

3-Notions presque inexistantes sur l’usage des logiciels de traitement d’images, de music et de tout ce qui est numérique

Opportunités

1-Une fois l’apprentissage initiale fait, possibilités de diversifier ses compétences et chance de fertilisation croisée ;

2-Tâter à d’autres domaines digitaux

Menaces

1-Secteur nouveau au Maroc: Méconnaissance du consommateur en-ligne marocain ;

2-Technologie en rapide évolution, ce qui rend très difficile d’être toujours à point

Les forces et les faiblesses sont toujours considérées comme internes à l’entité ou dans mon cas à la personne. Quant aux opportunités et aux menaces, elles sont surtout externes à l’entité ou à l’individu.

L’art et tout l’art est de transformer ses faiblesses en forces et les menaces externes en opportunités.

La matrice d’Eisenhower : Urgence/Importance, pour prioritiser les sous-taches










Urgent

 

 

Important

 

High

Low

 

 


High

1-Décider de : Faire ou faire faire

2-Choisir la plateforme du site web

3-Décider sur l’infographique

4*-Les logiciels adéquats à utiliser pour les taches infographiques

5-Décider sur les catégories de produits à inclure

1-Achat du matériel informatique facilitant les taches du design et le multi-tasking

 

 


Low

1-Choisir l’hébergement du site web

2- L’achat du domaine

3-Les considérations ergonomiques

4-Considérations légales et d’usages du site web

1-Benchmaking du site par rapport aux concurrents

2-Tests du site sur des focus groups avant le lancement officiel

 

 


 

Ces 2 matrices m’avaient aidé à m’auto-évaluer et à structurer mon travail. Croyez-moi, c’est un exercice qui n'est pas toujours facile à faire, mais une fois fait, il m’a évité des errements et des pertes de temps considérables.

Voilà, je vous relate, ici, quelques éléments phares de mon aventure. Et je vous parlerai de quelques remarques et lessons que j’ai soulevé tout au long de cet exercice qui méritent le partage; car pour vous dire la vérité, rentrer dans les détails du design - de la conception - au produit final- serait un peu excessif et fastidieux pour ce blog.

Parlons d’abord de la priorité no 1 de faire ou de faire faire : ce que les économistes appellent la décision de sous-traiter ou la sous-traitance. L’idée se présente ainsi : si je sous-traite le travail à un autre web designer, je deviens de facto, un donneur d’ordre ou sous-traité, se faisant, je me libère pour faire autre chose : soit une autre tache, soit se promener à loisir dans la compagne, soit se reposer tout simplement! C’est au sous-traitant qu’incombe alors la responsabilité d’exécution, de la conception au produit final. Très bien, mais pour que cela réussisse, il va falloir remplir plusieurs conditions :

1-     Une connaissance presque intime de ce que j’aimerais que mon site exhibe.  Après tout, c’est la vitrine principale de notre offre et c’est l’image de marque de notre entité. L’enjeu est assez conséquent.

2-     Trouver un sous-traitant qui répondra à mes exigences et qui soit à la hauteur de mes aspirations ;

3-     Que ce sous-traitant soit en mesure de comprendre mes demandes et surtout les sous-jacentes. Quelqu’un qui sera en mesure de lire mes pensées ;

4-     Et finalement, un sous-traitant qui ne taxera pas mon temps, et qui me libérera réellement à faire cet "autre chose".

Remplir tous ces SI, remplir toutes ces conditions étaient très difficiles.  Après, mure réflexion, j’ai opté à faire le travail moi-même.

Ce qui m’avait aussi aidé à prendre cette décision était la prise en compte des coûts d’opportunités inhérents à toute décision qui étaient dans ce cas, effectivement trop élevés. Je vous explique:  

La notion des coûts d’opportunités ou ”Opportunity costs ”, est tellement intéressante, qu’il est impératif de l’intégrer dans son raisonnement. Elle intervient dans les arbitrages que nous faisons à longueur de journée, sauf que beaucoup ne poussent pas le raisonnement à l’extrême et ne font pas un calcul rationnel, intégrant et tout azimut, stylo et papier à la main pour évaluer leurs décisions, autrement dit chiffres à l’appui.

En effet, ce coût est égal à la différence entre = le rendement de la meilleure option à laquelle on renonce moins le rendement de l’option choisie.

Voilà un exemple, supposons que vous êtes un ingénieur de bâtiment, vous avez votre métier que vous maîtrisez ; aussi vous exceller dans d’autres compétences dont, disons, la programmation.

Plus encore, pour une heure de travail d’engineering  vous facturer 2,500dhs et pour une heure de programmation vous pouvez facturer une modeste somme de 1,800dhs. Le maitre d’ouvrage vous transmet un cahier des charges qui inclut les deux. Comment allez-vous procéder ? Allez-vous faire les 2 taches à la fois? ou bien allez-vous vous focaliser sur la tache qui vous rapporte le plus tout en délégant le travail de la programmation à un spécialiste, ou bien faire de la programmation de vous- même ?

Et les coûts de contrôle ou de surveillance comment allez-vous les intégrer.  Si vous optez pour la sous-traitance, comment allez vous les estimer.  La qualité de votre prestation dépend de la qualité du travail de ce programmeur qui dorénavant exécutera en votre nom.  Omettre ce coût peut biaiser votre choix et subséquemment votre décision.

Supposons que ces coûts de contrôle remontent à 600dhs l’heure.  Faisons le calcul : (1,800 +600) -  2,500 = (-) 100dhs/hr, voilà votre coût d’opportunité pour opter à faire de la programmation au lieu de faire votre mériter principal.  On est tenté des fois à tout faire, pour des raisons qu'on peut comprendre et qui peuvent être justifiables, pour finir à ne plus bien faire

La course au chiffre d’affaires, pour citer un autre exemple pertinent, peut être tout aussi fatale (je vous en dirai un peu plus dans mes prochains blogs).

Et si le coût de surveillance était supérieur à  600dhs, comment allez-vous s'y prendre ?

C’était mon cas, j’avais estimé que les coûts de surveillance en temps et coûts étaient prohibant qu’il était préférable pour moi de faire le design moi-même.

Tout ce détour pour en arriver là? C’est de la méthode Coué, je vous entends me dire. Pas du tout je me hâte de rétorquer.

Combien de décisions ont été prises sur des bases comptables qui se sont avérés soit onéreuses par la suite soit complètement à côté de l’estimation réelle.

On comptabilise, certes,  les coûts de main d'ouvres, des matières premières,  des charges fixes et des faux frais et tout ce qui est tangible. Cependant, on oublie toujours d'inclure les coûts d’opportunités, de surveillance, de ce qu’on pourrait épargner ou gagner si on avait opté pour une/des autre(s) alternative(s).

Ces coûts une fois inclus peuvent tourner une décision basée sur le calcul comptable en une décision favorable alors qu’elle a été estimée comme défavorable à la base. Le raisonnement inverse est tout aussi valable.

Bien estimer, le temps, les coûts, les réajuster, rectifier le tir, réadapter, réorganiser, ou arrêter même une activité qui n’est pas efficiente : c’est de cela dont Nicolas Boileau parlait aussi et c'est ce dynamisme qu’il faut garder à n’importe quel détriment.

Dans mon prochain blog, je vous parlerai de la méthode Kaizen, de l’erreur des coûts irrécupérables (sunck costs fallacy) et des lois de Murphy entre autres.

Merci de me laisser un commentaire….

Resources :

Jacques Attali (1996) : Chemins de sagesse : Traité du labyrinthe.

Sites web :

1-     https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Boileau

https://www.magicoffice.io/comment-utiliser-la-matrice-d-eisenhower

Commentaires

  1. Sujet interessant, riche en informations.. j'ai hâte de lire le prochain blog..

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  2. J'ai apprécié ce sujet bien structuré qui permet de penser différemment. Personnellement j'adopte le même raisonnement que l'écrivain, et cela m'aide en quelques sortes à développer mes idées, mercii!

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  3. L’art et tout l’art est de transformer ses faiblesses en forces. L'expression magique que je trouve significative. Si on arrive à la bien comprendre et l'appliquer intelligement , on réalisera des énormes progrés .
    Bonne continuation

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