Une société se définit non seulement par ce qu'elle crée mais aussi par ce qu'elle refuse de détruire. – John C. Sawhill
Cela va faire un certain temps déjà que je fréquente assidûment les transports en commun.
Pour un observateur avide d'explorer les subtilités du comportement humain, ils offrent une véritable pépinière d'anecdotes, d'événements et de situations insolites, parfois teintées d'absurdité.
Pour ma part, il ne fait aucun doute que mes trajets quotidiens forment un authentique laboratoire, offrant une perspective éclairée sur la diversité, la complexité des comportements et des interactions humaines.
Sans plus tarder, je vais vous exposer l'un des dilemmes récemment rencontrés :
Sur le chemin vers mon lieu de travail, se trouve un arrêt de bus qui débouche sur un terrain récemment engazonné que chaque passager, sans exception, traverse dès qu'il descend du bus.
Normal vous allez me dire... l'est-il ?
En effet, chaque jour, la pelouse subit l'impact de milliers de pas, freinant ainsi sa croissance et entravant son épanouissement.
N'est-elle pas, en vérité, un organisme vivant ? Susceptible d'être aisément perturbée par un traitement négligent, ou par le manque d'attention portée.
Histoire partagée par tout être vivant! ... Je présume!...
De plus, les empreintes laissées par les pas forgent des sentiers chaotiques, “shamboliques”, dénués de toute élégance et de grâce.
Au fil du temps, et chaque jour depuis mon premier constat, j'ai observé cette récurrence dans d'autres espaces urbains proches de chez moi, où des sentiers se forment de manière aléatoire, sans aucun respect ni considération pour le paysage environnant.
Fondamentalement, à mes yeux, ce comportement témoigne clairement et sans aucun doute d'un laisser-faire excessif, illustrant un urbanisme débridé où prévaut une mentalité individualiste, une culture du chacun pour soi permettant et autorisant ainsi le vandalisme et le saccage.
En outre, ce qui m'a particulièrement peiné, c'est le silence assourdissant et l'absence totale de réactions ou d'initiatives de la part des passagers en l'occurrence.
Ces passagers qui n'ont pas jugé bon d'agir pour empêcher ces personnes de traverser sans considération aucune ces espaces verts, ces lieux sacrés qui incarnent pourtant l'harmonie, le civisme et la beauté urbaine.
Alors, de quoi s'agit-il ? Est-ce un phénomène de désinvolture, de la malveillance.
Une démonstration d'égocentrisme exacerbé, un déficit de civisme, d'éducation ou d'ignorance ?
Ou bien s'agit-il tout simplement d'un comportement naturel, irréfléchi, banal et ordinaire?
Répondre à ces interrogations constituera le cœur de mes prochains blogs.
Les Lignes de Désir ...
Les lignes de désir - appelées aussi chemins de désir par les géographes, urbanistes et architectes - sont des chemins ou des traces formées naturellement ou par l'activité humaine, généralement causées par le mouvement répété des personnes ou des véhicules ou des animaux suivant un itinéraire préféré plutôt que les chemins traditionnels ou prévus.
La présence de lignes de désir ne signale-t-elle pas un aménagement urbain inapproprié des passages existants?
Ces lignes représentent souvent le trajet le plus efficace ou le plus pratique entre deux points, et peuvent être observées dans des espaces urbains, des parcs...
Le terme "lignes de désir" lui-même est apparu plus récemment dans le domaine de l'architecture et du design urbain.
Il est souvent associé au paysagiste et architecte Danois Jens Jensen, qui a utilisé l'expression "lines of desire" pour décrire les chemins tracés naturellement par les gens à travers les espaces ouverts.
Ce concept a été popularisé dans les années 1960 et 1970 par des architectes et des urbanistes comme Kevin Lynch et Christopher Alexander, qui ont étudié les schémas de déplacement des personnes pour concevoir des environnements urbains plus fonctionnels et agréables.
Les lignes de désir sont généralement observées empiriquement dans des espaces physiques et ne sont pas décrites par une formule mathématique standard.
Cependant, des modèles mathématiques peuvent être utilisés pour simuler ou prédire leur formation en tenant compte de facteurs tels que la densité de population, la topographie, les obstacles physiques, etc.
Ces modèles peuvent inclure des concepts de la théorie des graphes, de la théorie des probabilités ou d'autres domaines mathématiques pour représenter et analyser les schémas de déplacement des individus.
Comment ?
Un exemple de modèle mathématique pour simuler les lignes de désir pourrait être l'utilisation de la théorie des graphes.
On peut représenter un espace physique comme un graphe où les nœuds représentent des points d'intérêt ou des destinations et les arêtes représentent les chemins entre ces points.
Ensuite, on peut utiliser des algorithmes de recherche de chemins optimaux, comme l'algorithme de Dijkstra ou l'algorithme A*, pour déterminer les chemins les plus probables que les individus suivront entre ces points, en tenant compte de facteurs tels que la distance, la congestion, etc.
Ces chemins les plus fréquemment empruntés peuvent être interprétés comme des lignes de désir dans l'espace physique.
Aujourd'hui, le concept des lignes de désir continue d'être utilisé dans divers domaines, de l'urbanisme à la conception de produits et à l'analyse des données, pour comprendre les comportements humains et optimiser les environnements physiques et numériques en conséquence.
Elles peuvent être utilisées comme indication pour la conception ou l'aménagement de l'environnement urbain.
A la Recherche d'Optimalité
La recherche de l'optimalité est souvent considérée comme une approche efficace pour résoudre de nombreux problèmes, mais ce n'est pas toujours le cas.
Bien que l'optimalité puisse conduire à des solutions idéales dans certaines situations, il y a des cas où d'autres facteurs doivent être pris en compte, tels que la faisabilité, les contraintes de temps, les coûts ou les préférences individuelles.
Par exemple, dans le domaine de l'urbanisme, concevoir une ville en recherchant uniquement l'optimalité en termes de circulation des véhicules pourrait conduire à des résultats peu conviviaux pour les piétons ou à une utilisation inefficace de l'espace.
Dans ce cas, une approche plus holistique qui prend en compte les besoins de tous les utilisateurs de la ville pourrait être plus appropriée.
De même, dans le domaine de l'ingénierie ou de la gestion des opérations, l'optimisation des processus peut parfois entraîner des compromis entre différents objectifs, tels que la qualité, la flexibilité ou la durabilité.
Les lignes de désir et l'optimalité
Ils sont deux concepts qui peuvent être liés dans certaines situations, mais qui peuvent également être en tension dans d'autres.
Les lignes de désir, susmentionnées, représentent les chemins préférés ou les itinéraires les plus fréquemment empruntés par les individus dans un environnement donné.
Elles sont souvent le résultat du mouvement répété des personnes ou des véhicules, et elles peuvent indiquer les chemins les plus efficaces ou les plus pratiques entre deux points.
Les lignes de désir sont importantes à comprendre dans la conception urbaine, l'aménagement du territoire et d'autres domaines pour optimiser l'utilisation de l'espace et améliorer la circulation.
D'autre part, l'optimalité fait référence à la recherche de la meilleure solution possible pour un problème donné, en maximisant ou en minimisant certains critères. Cela peut inclure la minimisation des coûts, la maximisation de l'efficacité ou la satisfaction des besoins des utilisateurs.
L'optimalité est souvent recherchée dans la planification urbaine, la conception de produits, la gestion des opérations et d'autres domaines pour parvenir à des résultats efficaces et satisfaisants.
Dans certaines situations, les lignes de désir peuvent correspondre à des solutions optimales, car elles représentent les chemins les plus efficaces selon les préférences des utilisateurs.
Par exemple, dans la conception de réseaux de transport, l'optimisation des itinéraires des transports en commun peut être alignée sur les lignes de désir des passagers pour améliorer l'efficacité du système.
Cependant, il peut y avoir des cas où les lignes de désir et l'optimalité entrent en conflit.
Par exemple, une ligne de désir qui traverse une zone écologiquement sensible pourrait ne pas être optimale du point de vue de la préservation de l'environnement.
Dans de telles situations, il peut être nécessaire de trouver un équilibre entre les préférences des utilisateurs et d'autres considérations, telles que la durabilité ou la protection de l'environnement.
Tels seront l'objet de mes prochains blogs.
Dans mes prochains blogs, je traiterai non seulement des concepts et notions déjà abordés, mais aussi des idées telles que :
- Les lignes d'horizons,
- Les lignes de fuite de Gilles Deleuze et de Felix Guattari,
- De La Théorie de l'Aménagement Urbain,
- Du civisme urbain,
- De la déontologie et de l'éthique écologique,
- Et enfin de la spiritualité.
Car en définitive, même si la recherche de l'optimalité peut revêtir une importance cruciale dans de nombreux contextes, elle doit être contrebalancée par d'autres considérations afin d'aboutir à des solutions véritablement efficaces et adaptées aux besoins particuliers de chaque situation.
De plus, elle devrait être en parfaite symbiose avec l'univers dans nous nous nourrissons et sa durabilité.
Merci de me laisser un commentaire...
Sources :
- Ligne_de_désir: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_de_d%C3%A9
- Félix Guattari: Lignes de fuite, pour un autre monde des possibles : http://blog.acversailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/16/03/2013/F%C3%A9lix-Guattari%2C-Lignes-de-fuite%2C-pour-un-autre-monde-des-possibles%2C-L%E2%80%99Aube%2C-2011%2C-lu-par-Alain-Poirson
- Urbanisme: https://fr.wikipedia.org/wiki/Urbanisme
- Spiritualité: https://fr.wikipedia.org/wiki/Spiritualit%C3%A
- Durabilité: https://fr.wikipedia.org/wiki/Durabilit%C3%A9
- Images: https://villenumerique.hypotheses.org/4136
- algorithme de Dijkstra: https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme_de_Dijkstra
- algorithme A*: https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme_A*
- Jens Jensen: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jens_Jensen
- Kevin Lynch et Christopher Alexander https://journals.openedition.org/labyrinthe/760?lang=en
- John C. Sawhill: https://www.oceansrespect.com/blogs/news/citations-durabilite-recyclage
A bon entendeur
RépondreSupprimerl’urbanisme tactique on est effectivement en plein dedans avec ces trajectoires de particuliers – et non de particules, et c’est bien dommage que la monumentalité qui pétrifie tant de projets, et trop souvent à des prix astronomiques, ne permette pas cet ajustement.
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