"Le trop de confiance attire le danger", Corneille, Cid, II, 7.

Jacques Attali ; un polymathe qui m’a profondément marqué sur le plan intellectuel ; a conclut son blog du 22 novembre dernier, intitulé "Comment savoir à qui faire confiance", par une quasi-maxime saisissante.

Je cite : "Alors, ne pas trop compter sur la confiance dans les autres pour déterminer sa conduite. Seule compte, pour régler ses choix, la confiance qu’on peut se faire à soi-même, en sa capacité de jugement. Et pour cela, une règle d’or, d’où tout découle : pour avoir confiance en soi-même, ne pas se mentir. C’est vital."

Ces mots ont éveillé en moi des réflexions profondes, que je souhaiterais partager avec vous en en restituant l’essence. Permettez-moi… de m'y atteler.

Traversons-nous une crise de confiance ?

Personne ne peut contester que nous vivons des temps des plus absurdes.

Oui, nous vivons une véritable crise de confiance, et celle-ci traverse tous les pans de la société.

Les institutions publiques – nationales, supranationales et internationales aussi, les entreprises, les médias, les figures d’autorité et même les relations interpersonnelles sont marquées par une érosion rapide de la confiance.

ET… cette crise ne cesse de s’enraciner.  Cela est un constat général sans ambiguïté aucune.

Dans ce blog, j'explorerai l'idée que la technologie, loin de se réduire à une simple force perturbatrice, peut devenir un levier fondamental pour restaurer la confiance érodée, en réinventant les bases de nos relations humaines et institutionnelles.

Bien qu'il soit indispensable de nourrir la confiance surtout en soi, comme le préconise Jacques Attali, et bien évidemment dans autrui, cette confiance, à elle seule, ne suffit pas à naviguer dans la complexité et les zones d’ombre des interactions humaines modernes.

La technologie, lorsqu’elle est mise au service de principes éthiques et de transparence, peut offrir des outils pour sécuriser ces relations, les rendre plus accessibles et vérifiables, et, ainsi, restaurer un socle de confiance essentiel pour affronter les défis de notre époque.

Definition

Selon le dictionnaire de Littré la confiance se définie comme : “Le sentiment qui fait qu'on se fie à quelqu'un ou à quelque chose.”

Appliquée à la technologie, cette définition prend une dimension particulière.

En effet, la confiance envers la technologie repose sur notre capacité à croire en sa fiabilité, en la transparence de ses processus et en la sécurité des données qu’elle traite.

Lorsqu'un individu ou une organisation choisit d'utiliser une technologie, qu'il s'agisse d'une plateforme numérique, d'un algorithme ou d'une application, il fait un pari sur sa capacité à répondre à ses attentes, sans risque de manipulation ou de défaillance.

Sans céder à un réductionnisme qui minimiserait le rôle de la technologie dans nos sociétés contemporaines, ni sombrer dans le débat souvent anxiogène du déterminisme technologique, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée.

Une approche qui reconnaît la technologie comme un facteur clé de transformation, tout en soulignant qu’elle est inextricablement liée aux choix, aux valeurs et aux dynamiques sociales qui la façonnent et l’orientent.

La technologie n'est pas un acteur autonome, ni un simple outil neutre.

Elle est un système sociotechnique, le fruit d’interactions complexes entre innovation scientifique, logiques économiques, cadres institutionnels et aspirations humaines.

Dès lors, les questions fondamentales ne se limitent pas à "que fait la technologie à la société ?", mais incluent "que fait la société de la technologie ?"

Permettez-moi de vous expliquer mes propos

Industrie 4.0 et Industrie 5.0 de quoi s’agit-il ?

Nous vivons actuellement dans l’ère de l’industrie 4.0, souvent qualifiée de quatrième révolution industrielle.

Elle se distingue par l’intégration des technologies numériques avancées dans tous les aspects de la production et de la vie quotidienne.

Parmi ces technologies figurent l’intelligence artificielle (IA), l’Internet des objets (IoT), la robotique avancée, la blockchain, et l’analyse des données massives (Big Data).

Cependant, certains experts commencent à évoquer une transition vers l’ère 5.0, marquée par une symbiose entre l’homme et la machine, où les technologies ne se contentent plus d’optimiser les processus, mais cherchent à améliorer le bien-être humain, notamment à travers une approche centrée sur des valeurs éthiques et durables.

Ok, ok…, je vous entends, explorons cette piste à travers le rôle des smart cities, des énergies renouvelables, des innovations comme l’intelligence artificielle (IA), l’Internet des objets (IoT), les digital twins, et la blockchain à titre d’illustration.

1. Smart cities : une gouvernance au service du citoyen

Les smart cities incarnent une vision prometteuse d'une gouvernance plus transparente, participative et efficace.

En s’appuyant sur l’IoT et l’analyse des données, elles permettent une gestion en temps réel des infrastructures urbaines : trafic, distribution de l’eau, gestion des déchets, et bien plus.

Cette gestion optimisée offre des avantages tangibles aux citoyens, renforçant ainsi leur confiance dans les institutions locales.

Cependant, la réussite des smart cities dépend d’un équilibre subtil : comment garantir que les technologies servent véritablement les citoyens et ne deviennent pas des outils de surveillance ou de contrôle abusif ?

La transparence dans la collecte, l’utilisation, et la protection des données est donc essentielle pour instaurer une confiance durable.

2. Énergies renouvelables : une promesse de durabilité

La transition énergétique est un autre levier de confiance.

Les énergies renouvelables, en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles et en offrant une alternative plus résiliente, incarnent une gouvernance responsable face à la crise climatique.

En intégrant des réseaux intelligents (smart grids), ces technologies permettent une gestion décentralisée et participative de l’énergie, où les citoyens deviennent à la fois producteurs et consommateurs (prosumers).

En plaçant les individus au cœur du système énergétique, ces innovations renforcent non seulement leur autonomie, mais aussi leur confiance envers un modèle économique et écologique plus équitable.

3. Blockchain : une technologie pour la transparence et la responsabilité

La blockchain, souvent associée aux cryptomonnaies, est en réalité une technologie au potentiel bien plus vaste pour rétablir la confiance, notamment dans la gouvernance urbaine et les interactions économiques.

En offrant un système de registre décentralisé, inviolable et transparent, elle permet de garantir l’intégrité des données et des transactions.

Dans les smart cities, la blockchain pourrait être utilisée pour :

Assurer la transparence des budgets publics, en permettant aux citoyens de suivre chaque dépense municipale en temps réel.

Certifier les transactions immobilières ou les contrats d’énergie renouvelable sans passer par des intermédiaires coûteux et souvent perçus comme peu fiables.

Favoriser des systèmes de vote électroniques sécurisés, où chaque voix est enregistrée de manière infalsifiable, renforçant ainsi la légitimité des processus mocratiques.

En d’autres termes, la blockchain offre une infrastructure technique pour instaurer une confiance distribuée, libérée de la dépendance envers des acteurs centralisés dont la crédibilité est parfois contestée.

4. Intelligence artificielle et digital twins : vers une gestion prédictive et éthique

L’IA, couplée aux digital twins (jumeaux numériques), offre des opportunités sans précédent pour optimiser la gouvernance urbaine et les politiques publiques.

Grâce à des simulations basées sur des données réelles, il devient possible de prédire les impacts des décisions avant de les mettre en œuvre, réduisant ainsi les erreurs coûteuses et les crises de confiance.

Prenons l’exemple de la gestion de l’eau, un enjeu crucial dans les villes en expansion.

Un digital twin d’un réseau hydraulique permettrait d’anticiper les pénuries, de détecter les fuites, et de planifier des solutions durables, rassurant ainsi les citoyens sur l’efficacité des infrastructures.

Cependant, l’IA soulève aussi des défis éthiques : biais dans les algorithmes, manque de transparence des décisions automatisées, ou encore concentration du pouvoir technologique.

Pour que ces outils soient véritablement des facteurs de confiance, ils doivent être encadrés par des règles strictes de gouvernance et rester au service de l’humain.

5. Un nouveau contrat social numérique

Ces innovations technologiques ne suffiront pas à elles seules à restaurer la confiance.

Elles doivent s’inscrire dans un cadre plus large : celui d’un contrat social numérique entre les citoyens, les institutions, et les entreprises.

Ce contrat reposera sur trois principes fondamentaux :

La transparence, par la mise à disposition de données publiques accessibles et compréhensibles.

La participation, en intégrant les citoyens dans la prise de décision grâce à des plateformes collaboratives et des outils de démocratie numérique.

La redevabilité, en assurant que chaque acteur (public ou privé) rende compte de ses engagements et de ses résultats.

En guise de conclusion : la technologie comme vecteur de confiance

Restaurer la confiance à l’ère numérique suppose de réconcilier l’innovation technologique avec les besoins humains fondamentaux : sécurité, équité et durabilité.

Les smart cities, les énergies renouvelables, la blockchain, l’IA, et les digital twins ne sont pas seulement des outils de gestion, mais des instruments potentiels pour réinventer la gouvernance et recréer des espaces où la confiance est à la fois méritée et protégée.

Nous nous sommes posés la question au départ : À qui faire confiance ?

Mais peut-être devrions-nous également nous demander : Quels mécanismes devons-nous créer pour que la confiance redevienne une évidence ?

Pour conclure.

Il nous incombe de placer notre confiance en l'humain, avec un H en majuscule, malgré ses faiblesses, ses caprices, ses défauts et ses contradictions.

Car, in fine, si le Bon Dieu l’a créé, ce n’était pas pour qu’il soit exempt d’imperfections, mais pour lui conférer la capacité de choisir le bien, même en une omniprésence du mal.

C’est dans cette capacité, dans cette potentialité, que réside la véritable grandeur de l’Homme.

L’enjeu n’est pas de chercher à éradiquer ses imperfections (il en aura toujours), mais de maintenir cette confiance en lui, en sachant qu’au-delà de ses failles, le bien triomphera toujours.

Sinon, pourquoi, l’homme aurait-il été doté du libre arbitre, si ce n’est pour en faire un instrument de croissance morale, capable de transcender les ténèbres et de faire émerger la lumière ?

Voilà, le génie de l’homme, son génie manifeste

Resources :         

  1. https://www.eumathos.com/creer-la-confiance-dans-une-communaute-de-pratique-naissante/
  2.  https://www.littre.org/definition/confiance#:~:text=1Sentiment%20qui%20fait%20qu'on,un%20ou%20%C3%A0%20quelque%20chose.
  3.   https://www.attali.com/societe/comment-savoir-a-qui-peut-on-faire-confiance/
  4.  https://www.ibm.com/fr-fr/topics/industry-4-0
  5. https://www.mckinsey.com/featured-insights/mckinsey-explainers/what-are-industry-4-0-the-fourth-industrial-revolution-and-4ir
  6. Ten Years of Industrie 4.0: https://www.mdpi.com/2413-4155/4/3/26
  7. https://www.forbes.com/sites/jeroenkraaijenbrink/2022/05/24/what-is-industry-50-and-how-it-will-radically-change-your-business-strategy/
  8. https://en.wikipedia.org/wiki/Smart_city
  9.  https://www.ibm.com/topics/what-is-a-digital-twin#:~:text=A%20digital%20twin%20is%20a%20virtual%20representation%20of,make%20decisions.%20How%20does%20a%20digital%20twin%20work%3F
  10. https://www.ecorenewableenergy.com.au/articles/key-elements-to-establish-a-sm


Commentaires

  1. Votre article est un appel puissant à réconcilier la technologie avec nos valeurs humaines fondamentales, en vue de restaurer la confiance dans notre société. Vous montrez bien comment les innovations telles que les smart cities, les énergies renouvelables, la blockchain et l’intelligence artificielle peuvent devenir des leviers de confiance, à condition qu’elles s’inscrivent dans un cadre éthique et transparent. Mais, en effet, pour que cela fonctionne, il faut revenir aux bases.

    La technologie ne peut restaurer la confiance qu’en s’appuyant sur les valeurs humaines qui lui donnent sens.

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  2. De nos jours la confiance est tuée, la technologie va la tué encore plus, on est attaché à la machine plus que notre attachement à nos familles, mais que se passe t'il lorsque cette dernière (machine) aura une conscience !?

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