8-Pourquoi a- t-on peur de l’échec?
Il serait trop prétentieux pour moi ici d’apporter une réponse définitive et complète à cette question, néanmoins j’aurais le courage de l’aborder car j’estime que peu osent en parler : l’échec est un tabou.
Paulo Coelho dans son roman culte l’alchimiste n’a-t-il pas dit qu’il n'y a qu'une chose qui rend un rêve impossible à réaliser : c’est la peur de l'échec. Je prends mienne cette citation, chargée de sens et de sagesse. Et je vais essayer ici de la développer un peu en la liant au monde de l’entreprise et à la notion d’entreprenariat qu’avait soulevé un commentateur de mon précédent blog.
LA PEUR DE L’ECHEC est une condition médicale, à ce qu’il parait, qui porte le nom d’Atychiphobia. La personne est envahie par une intense sensation de peur, la peur d’échouer qui pousse généralement cette personne à éviter de prendre toute initiative et d’entreprendre toute activité où elle fera face à des décisions. Un stratagème qu’elle utilise afin d’éviter les résultats qui risquent d’être en sa défaveur, autrement dit elle évite toute action qui va marquer un non-succès dans son esprit et de ce fait enregistrer un échec dans sa mémoire et dans son subconscient. C’est le cas extrême vous allez me dire. L’inertie, la paralysie. Je plaide le contraire.
On a tous vécu des situations où les résultats de nos efforts, de notre travail, étaient en deçà de ce que nous espérons. On a tous vécu des échecs : sentimentales, scolaires, et autres. Nos attentes des fois n’étaient pas toujours au rendez- vous. La vie est ainsi faite…il faut faire avec. Fallait-il baisser les bras et déclarer forfait dans ces cas-là?
Des échecs majeurs passés, une image de soi biaisée et même un traumatisme peuvent sous-tendre la peur de l'échec. A mon sens, c’est surtout la peur du regard des autres, des regrets, de la tristesse engendrée et de la perte d’estime de soi qui peuvent expliquer ce comportement.
Le monde des affaires est abondé d’exemples "des success stories “ ainsi que des histoires d’échecs monumentales.
En effet, tout le monde parle du succès : d’Apple, de Microsoft, d’IBM, de XEROX, d’Ali Baba, de Samsung, d’Uber, d’Yves Saint Laurent, de Shell, mais personne ne parle des millions de Start-ups qui n’ont pas vu le jour, des milliers d’entreprises qui ont fait faillite ou qui ont été liquidées.
Qui a jamais parlé des vies des milliers de directeurs qui ont été licenciés, de Kodak et de Blackberry qui n’ont pas su s’adapter aux changements technologiques, ce qu’Andrew Grove l’un des fondateurs d’INTEL appelait : le point d’inflexion stratégique.
Ce qu’on apprend de nos échecs, à mon sens, est plus fondamental que l’échec en soi.
Généralement sans échec, il n’y a pas de succès véritable et durable.
Citons quelques exemples d’échecs qui sont ultimement devenus des réussites :
Abraham Lincoln: avant d'être élu président des
USA avait souffert des défaites à maintes reprises;
Albert Einstein : n’avait commencé à parler qu’à
l’âge de 4 ans, avait un cursus scolaire médiocre (pas sure). Après sa
graduation, il ne savait pas quoi faire de sa carrière et avait travaillé comme
un agent d’assurance ;
Charles Darwin : n’avait pas fini ses études de médicine, et était considéré par son père comme un arche exemple de ”bon à rien” ;
Colonel Harland Sanders : le fondateur de KFC, était fameux pour ses échecs commerciaux avant de connaitre le succès qu’on lui connait maintenant ;
Henry Ford : des voitures Ford, n’a connu le succès qu’après des tumultes ;
Thomas Edison : inventeur de l'ampoule à incandescence à filament de carbone en 1879. Il lui a fallu 10,000 tentatives avant de la faire fonctionner : 10,000 tentatives !;
James Dyson : le fondateur de Dyson, les fameux aspirateurs sans bag ; c’est lui l’inventeur grâce à l’usage de la technologie de cyclone qu’il avait développée. Il lui avait fallu construire 5127 prototypes dont 5126 échecs pour en arriver là;
Sir Richard Branson : avait presque perdu sa maison qu’il avait hypothéquée les années 70s pour lancer son idée de Business Magasine en 1967. Virgin Cola ne lui avait pas réussi, Virgin Airlines avait failli finir en catastrophe, Virgin Digital n’avait pas démarré ou presque… il est l’une des grosses fortunes de Grande Bretagne;
C’est avec la ténacité, la foi en soi, et le désir de se surpasser que ces personnes ont atteint le sommet de leurs aspirations. Voilà, en effet, les ingrédients essentiels pour exorciser ses peurs.
Car, naviguer dans des territoires non encore défraichis, baliser de nouveaux territoires pour les autres exige une volonté inébranlable et un tempérament d’acier.
Joseph Schumpeter, l’un des apôtres du système capitaliste, parlait de la puissance créatrice du capitalisme, dont l’entrepreneur est la vraie dynamo. L’entrepreneur est au centre de son effigie, il est guidé par son désir de faire mieux, par le succès et par le profit : son ultime leitmotiv.
Ne pas reconnaitre cette réalité c’est refuser de reconnaitre au capitalisme l’une de ses caractéristiques les plus saillantes. Je souscris à cela, si bien que j’en reconnais les rugosités pour ne pas dire les petitesses. Je veux dire par là les effets pervers engendrés par la poursuite effrénée du succès et du profit.
CE QUI NECESSITE toujours d’avoir en place des gardes-fous : des institutions adéquates et un système de valeurs protecteurs.
Je vous ai promis de parler de Michael Porter et d’Igor Ansoff , voilà, il est temps d’invoquer leurs apports. Où est le fil d’Ariane avec tout ce qui vient d’être dit au sujet de la peur de l’échec, allez-vous me dire ? Eh bien, c’est le risque, l’incertitude, la capacité de prendre des risques bien calculé. Aussi l’usage de l’arsenal conceptuel et d’analyse fournie par ces penseurs ainsi qu'un système d’exécution et d’opérationnalité efficace qu’il faut user, appliquer et à épuiser.
D’abord parlons d’Igor Ansoff :
Igor Ansoff a été l'un des premiers penseurs et auteurs à considérer la stratégie comme une science sociale et le management stratégique comme l'axe principal de la performance de l'entreprise. Son travail a réuni une variété d'idées et de courants de pensée disparates, apportant une nouvelle cohérence et discipline à ce qu'il a appelé la planification stratégique.
Il a également introduit les notions de base de la stratégie
telles que la portée du marché des produits, les vecteurs de croissance,
l'avantage concurrentiel, l'analyse des écarts, des capacités,
les synergies, les perturbations environnementales et les signaux
silencieux.
Il est aussi le premier à utiliser ce qu’on appelle communément l’analyse SWOT : l’analyse de forces et faiblesses de l’entreprise et de ses opportunités et ses menaces. Un outil fondamental que peu d’entreprises utilisent à bon escient (à mon humble avis).
En 1957, il a introduit sa matrice Produit-Mission ; un cadre conceptuel pour développer des stratégies dans des conditions de turbulence environnementale dynamique. Cette matrice permettait aux décideurs de faire des choix stratégiques toute en faisant face à un environnement changeant. Ceux-ci comprennent la pénétration du marché, le développement du marché, le développement de produits et la diversification.
Micheal Porter quant à lui :
Est l’auteur de plusieurs ouvrages marquants sur l'avantage concurrentiel, la stratégie concurrentielle et le positionnement concurrentiel, avec Competitive Strategy (Porter, 1980) et Competitive Advantage (Porter, 1985). Leur importance réside, entre autres, dans l'introduction des " cinq forces ", de la " stratégie générique” et de la ” chaîne de valeur ” comme principaux cadres d'analyse du paradigme du positionnement concurrentiel.
Le cadre des cinq forces (Porter, 1980) permet à une entreprise d'évaluer à la fois l'attraction "rentabilité potentielle" de son industrie et sa position concurrentielle au sein de cette industrie en évaluant cinq forces : la force de la menace des nouveaux entrants dans l'industrie ; la menace des produits de substitution ; le pouvoir des acheteurs ou des clients ; le pouvoir des fournisseurs (aux entreprises du secteur); et le degré et la nature de la rivalité entre les entreprises de l'industrie.
Par conséquent, le potentiel de rentabilité d'une entreprise est sérieusement compromis, voire éliminé, par une concurrence accrue, des barrières à l'entrée plus faible, un grand nombre de substituts et un pouvoir de négociation accru des clients et des fournisseurs. Ces forces, selon Porter, pourraient inciter une organisation à développer une stratégie concurrentielle générique de différenciation ou de leadership par les coûts, capable de fournir des performances supérieures grâce à une configuration et une coordination appropriées de sa chaîne de valeur. (Porter, 1985).
Pour conclure, la valeur ajoutée des outils que ces pionniers ont fourni aux monde des affaires et à la gestion de l’entreprise en générale est indéniable.
Ces outils aident certainement à la prise de décision, ce faisant, réduisent le risque perçu ou réel de l’échec de tout effort.
Aussi, ces outils peuvent être considérés comme une arme contre l’inertie et la peur inhérente à l’échec.
Plus besoin, alors, de clouer au pilori l’échec, car, il pourrait être
la seule source du succès !
La peur de l'échec reste un sentiment saint si elle est bien dosée... . Avoir peur nous pousse à bien étudier ses choix avant toute prise de décision.
RépondreSupprimerExcellent topic comme d'habitude, bravo!
Ce que j'ai apprécié c'est le nombre d'exemple d'histoire de réussite et d'échec que vous avez cité...
RépondreSupprimerUn sujet très passionnant, pour moi l’échec est le premier pas vers la réussite ! J’ai vraiment apprécié le fait que vous avez cités tellement de références motivantes qui encourageront plein de personnes qui liront ce blog que ça soit des étudiants, des chercheurs ou de futur entrepreneurs à mesurer les risques et à accepter l’échecs pour les évaluer et dont le but final est de réaliser ses objectifs.
RépondreSupprimerTrès impatient à lire la suite et bon courage !
C'est un sujet très compliqué mais j'ai trop adoré l'approche et le ressenti que ça fait d'y penser. A suggéré et a partagé merci beaucoup
RépondreSupprimerUn sujet intéressant, avec des histoires inspirantes des gens tenaces qui n'ont pas lâché prise et qui après maintes tentatives échouées ont pu marquer l'histoire et sont devenus une référence, un modèle à suivre.
RépondreSupprimerMerci pour le partage, une belle découverte qu'a refait ma journée.
Merci et bonne continuation
Un sujet bien détaillé ou on trouve des exemples qui sont bien précis et qui nous aident à comprendre la problématique..
RépondreSupprimerVous avez adapté une belle structure afin de bien cerner la problématique de "la peur de l'échec". Félicitations pour ce contenu riche en informations ; explication de sujet ( côté médical ), citations littéraires, exemple historique...
RépondreSupprimerJe pense qu'il faut revenir sur ce sujet régulièrement, afin de dépasser ses blocages et prendre des risques bien analysés. Peut être que ça peut finir par un échec, à mon avis qui sera bénéfique puisque on aura l'expérience, l'apprentissage... et donc ça sera le premier pas vers la réussite.
Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec.merci pour ce beau contenu. Une vision détaillée sur ce fléau qui devient un sujet très alarmant.
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